A Pinsac près de Souillac, 

Anecdotes, la sculpture sur papier de soie 

avec Christine Röhlich 

A Pinsac, près de Souillac dans la vallée de la Dordogne, rencontre avec une artiste : Christine Röhlich, artisane d'art, plasticienne et scénographe.

Par Rédaction Cahors
Publié le 15 Fév 20 à 17:02 


C’est dans une maison de pierre, transformée en atelier, non loin de la petite église de Pinsac que nous avons retrouvé Christine Röhlich, artisane d’art, plasticienne et scénographe. Un lieu de vie transformé en lieu habité, non pas par des êtres de chair et de sang, mais par des personnages sculptés, des objets, des animaux, des masques, il y a même des pâtisseries qui ne coulent jamais. Au milieu, une table haute sert à la confection d’un monde qui évoque le spectacle, l’enfance, la poésie, un monde paisible et rassurant, à l’image de sa conceptrice, un univers de tendresse et de bienveillance.

Une technique de sculpture sur papier de soie toute personnelle

Ce sont les hasards de la vie qui l’ont fait s’installer dans le Lot, elle, citoyenne du monde aux racines multiculturelles ; elle a déjà vécu plusieurs vies alors qu’elle vient juste de franchir en courant son premier demi-siècle. Car elle n’en a pas l’air, mais elle avance vite. Hypocagne, professionnelle de la communication industrielle, enseignante, maman, responsable d’un syndicat d’artisans d’art du côté de la forêt de Fontainebleau, à l’ombre d’une mémoire impressionniste qui n’impressionne plus ; elle a couru le monde, vécu d’autres continents, elle a tissé un réseau relationnel important sur la capitale, développé une technique de sculpture sur papier de soie toute personnelle, une vie riche en intensité qui a fait d’elle une « artiste » bien dans sa tête. La patience et le travail l’ont doté d’habiles doigts de fée qui justifient son statut d’artisane d’art « oh la main ! ».

Les réalisations semblent à la fois simples par le peu de matériaux, souvent récupérés, qu’elle utilise, mais complexes quand on rentre dans le détail (de la conception à la finition), car des détails, il y en a beaucoup. Écorces d’arbres, écailles, plumes, poils, cils, cheveux ; elle finira par vous faire perdre le fil de votre pensée si vous vous y aventurez. De là à raconter une histoire, un poème, il n’y a qu’un tout petit pas car il est fréquent que ses personnages racontent une « anecdote » vécue par elle-même ou par ses clients. Alors on se laisse aller à regarder objet après objet, et l’esprit s’échappe dans une de ces dimensions lointaines où il fait bon s’y sentir. Sans en avoir l’air, ce sont des centaines d’heures passées ici et là à matérialiser des pensées, des évocations, des messages non dénués d’humour. Mais quel impact !

Tandis que vous vous perdez dans ses créations, elle vous regarde tranquillement sans jamais se départir d’un sourire confiant, elle a les yeux qui parlent et une réponse à toutes vos interrogations ; elle a les piles chargées à bloc quand il s’agit d’expliquer son travail et ses intentions, et là, il ne s’agit plus de trompe-l’œil, mais bien de passion. C’est cash, c’est chargé et vous avez intérêt à suivre si vous ne voulez rien rater.

Alors forcément, elle a du succès, et il n’est pas étonnant de savoir qu’on lui confie la fabrication d’éléments de décors de spectacles, de costumes (masques), qu’on l’invite à des expositions, à des salons (Carrousel du Louvres, Marché des Artisans d’art de Paris Bastille…), si ce n’est des commandes faites par des musées, des personnes, pour des vitrines de magasins, et qui sait, pourquoi pas des automates ? Elle ne chôme pas Mme Christine, et ses clients ont bien raison de la solliciter, d’autant que ses prix restent très modestes en regard du temps passé.

En s’installant dans le nord du Lot, elle s’est éloignée de son réseau, prenant le risque d’être oubliée. Mais comment peut-on oublier un tel savoir-faire ? Et puis finalement, c’est peut-être l’occasion de faire de nouvelles rencontres, et trouver d’autres sources d’inspirations.

Du petit papier de soie au petit papier dans le journal, le passage était presque naturel, histoire de la faire connaître, et que ses anecdotes voyagent. Mais soyons sûrs d’une chose, vous entendrez forcément reparler d’Anecdotes, de Christine Röhlich et de ses créations.

CLAUDE RABUTEAU